VOUS ĂTES BIAISĂ(E)S : LES DISTORSIONS COGNITIVES EN TCC
- Roux Sandrine
- 25 mars 2019
- 3 min de lecture
DerniĂšre mise Ă jour : 14 oct. 2020
Le concept de pensĂ©e automatique est important en psychologie cognitive. Les pensĂ©es automatiques sont des interprĂ©tations des expĂ©riences vĂ©cues. Elles sont les paroles spontanĂ©es que l'on se dit Ă soi-mĂȘme. Ce sont des pensĂ©es observables qui peuvent ĂȘtre saisies au vol mais qui passent souvent inaperçues bien qu'elles dĂ©terminent pour une grande part les Ă©motions.

Elles reposent sur des schémas cognitifs. Ces derniers sont des connaissances élaborées à partir de l'expérience.
Ils constituent des croyances de base concernant des aspects importants de l'adaptation (ex.: "le monde est relativement sécuritaire", "je ne peux faire confiance à personne", "je suis talentueux", "je ne peux me débrouiller seul").
Les schémas cognitifs guident les interprétations des nouvelles situations, interprétations qui sont souvent accessibles par l'observation des pensées automatiques. Ces interprétations sont souvent biaisées selon les schémas cognitifs de telle sorte qu'elles renforcent ces derniers.
La restructuration cognitive, c'est-à -dire l'observation, la prise de conscience et la remise en question de pensées automatiques et de schémas cognitifs sont souvent centrales à la TCC pour le traitement de la dépression et des troubles anxieux ainsi que des troubles de la personnalité.
Quelques exemples:

Dans son travail avec des personnes atteintes de dépression, Beck a identifié six erreurs systématiques de pensée :
La pensée « tout ou rien » ou « noir ou blanc »
Penser de façon dichotomique (polarisĂ©e) sans nuance : tout ou rien, noir ou blanc, jamais ou toujours, bon ou mauvaisâŠ. Il n'y a pas de place pour le gris. Par ex., se voir comme un ratĂ© suite Ă une mauvaise performance. Cette distorsion est souvent prĂ©sente dans le perfectionnisme.
L'inférence arbitraire (conclusion hùtive)
Tirer des conclusions hùtives (habituellement négatives) à partir de peu d'évidence. Par ex., la lecture de la pensée d'autrui consiste à inférer les pensées possibles ou probables d'une personne ; l'erreur de prévision consiste à prendre pour des faits des attentes sur la tournure des événements.
La surgénéralisation
Tirer une conclusion générale sur la base d'un seul (ou de quelques) incident(s). Par ex., si un événement négatif (tel qu'un échec) se produit, s'attendre à ce qu'il se reproduise constamment.
L'abstraction sélective (ou filtre)
Tendance à s'attarder sur des détails négatifs dans une situation, ce qui amÚne à percevoir négativement l'ensemble de cette situation.
La dramatisation et la minimisation
Amplifier l'importance de ses erreurs et ses lacunes. Considérer un événement désagréable mais banal comme étant intolérable ou une catastrophe. Ou, au contraire, minimiser ses points forts et ses réussites ou considérer un événement heureux comme banal.
La personnalisation
Penser Ă tort ĂȘtre responsable d'Ă©vĂ©nements fĂącheux hors de son contrĂŽle ; penser Ă tort que ce que les autres font est liĂ© Ă soi.
Par la suite (1980), le psychologue David Burns a identifié quatre autres distorsions :
Le raisonnement émotionnel
Prendre pour acquis que des états émotifs correspondent à la réalité. Par ex., considérer la peur comme une attestation du danger ; se dire « je suis stupide » plutÎt que « je me sens stupide ».
Les croyances sur ce qui devrait ĂȘtre fait (fausses obligations)
Avoir des attentes sur ce que l'on devrait, ou que les autres devraient, faire sans examen du réalisme de ces attentes étant données les capacités et les ressources disponibles dans la situation. Ce qui génÚre de la culpabilité et des sentiments de frustration, de colÚre et de ressentiment.
L'étiquetage
Utiliser une étiquette, c'est-à -dire un qualificatif qui implique un jugement négatif, de façon qui représente une généralisation à outrance, plutÎt que de décrire le comportement spécifique. Par ex., « Je suis un perdant » plutÎt que de qualifier l'erreur.
Le blĂąme
Tenir à tort les autres pour responsables de ses émotions ou au contraire se blùmer pour celles des autres.
D'autres distorsions ont par la suite été identifiées telles que :
l'attente ou l'illusion de justiceÂ
Si je fais les choses bien, je serais récompensé
La tendance à se comparer négativement aux autres
se comparer la plupart du temps nĂ©gativement Ă propos dâimperfection de l'ĂȘtre oĂč du faire, se sentir infĂ©rieur aux autres.
La reconstruction cognitive, qui consiste à identifier les distorsions cognitives et à les confronter à la réalité est centrale dans la psychothérapie cognitive traditionnelle (par opposition à la thérapie cognitive contextuelle, dite de troisiÚme vague qui intÚgre notamment l'exercice de la pleine conscience ).
