Le concept de pensée automatique est important en psychologie cognitive. Les pensées automatiques sont des interprétations des expériences vécues. Elles sont les paroles spontanées que l'on se dit à soi-même. Ce sont des pensées observables qui peuvent être saisies au vol mais qui passent souvent inaperçues bien qu'elles déterminent pour une grande part les émotions.
Elles reposent sur des schémas cognitifs. Ces derniers sont des connaissances élaborées à partir de l'expérience.
Ils constituent des croyances de base concernant des aspects importants de l'adaptation (ex.: "le monde est relativement sécuritaire", "je ne peux faire confiance à personne", "je suis talentueux", "je ne peux me débrouiller seul").
Les schémas cognitifs guident les interprétations des nouvelles situations, interprétations qui sont souvent accessibles par l'observation des pensées automatiques. Ces interprétations sont souvent biaisées selon les schémas cognitifs de telle sorte qu'elles renforcent ces derniers.
La restructuration cognitive, c'est-à-dire l'observation, la prise de conscience et la remise en question de pensées automatiques et de schémas cognitifs sont souvent centrales à la TCC pour le traitement de la dépression et des troubles anxieux ainsi que des troubles de la personnalité.
Quelques exemples:
Dans son travail avec des personnes atteintes de dépression, Beck a identifié six erreurs systématiques de pensée :
La pensée « tout ou rien » ou « noir ou blanc »
Penser de façon dichotomique (polarisée) sans nuance : tout ou rien, noir ou blanc, jamais ou toujours, bon ou mauvais…. Il n'y a pas de place pour le gris. Par ex., se voir comme un raté suite à une mauvaise performance. Cette distorsion est souvent présente dans le perfectionnisme.
L'inférence arbitraire (conclusion hâtive)
Tirer des conclusions hâtives (habituellement négatives) à partir de peu d'évidence. Par ex., la lecture de la pensée d'autrui consiste à inférer les pensées possibles ou probables d'une personne ; l'erreur de prévision consiste à prendre pour des faits des attentes sur la tournure des événements.
La surgénéralisation
Tirer une conclusion générale sur la base d'un seul (ou de quelques) incident(s). Par ex., si un événement négatif (tel qu'un échec) se produit, s'attendre à ce qu'il se reproduise constamment.
L'abstraction sélective (ou filtre)
Tendance à s'attarder sur des détails négatifs dans une situation, ce qui amène à percevoir négativement l'ensemble de cette situation.
La dramatisation et la minimisation
Amplifier l'importance de ses erreurs et ses lacunes. Considérer un événement désagréable mais banal comme étant intolérable ou une catastrophe. Ou, au contraire, minimiser ses points forts et ses réussites ou considérer un événement heureux comme banal.
La personnalisation
Penser à tort être responsable d'événements fâcheux hors de son contrôle ; penser à tort que ce que les autres font est lié à soi.
Par la suite (1980), le psychologue David Burns a identifié quatre autres distorsions :
Le raisonnement émotionnel
Prendre pour acquis que des états émotifs correspondent à la réalité. Par ex., considérer la peur comme une attestation du danger ; se dire « je suis stupide » plutôt que « je me sens stupide ».
Les croyances sur ce qui devrait être fait (fausses obligations)
Avoir des attentes sur ce que l'on devrait, ou que les autres devraient, faire sans examen du réalisme de ces attentes étant données les capacités et les ressources disponibles dans la situation. Ce qui génère de la culpabilité et des sentiments de frustration, de colère et de ressentiment.
L'étiquetage
Utiliser une étiquette, c'est-à-dire un qualificatif qui implique un jugement négatif, de façon qui représente une généralisation à outrance, plutôt que de décrire le comportement spécifique. Par ex., « Je suis un perdant » plutôt que de qualifier l'erreur.
Le blâme
Tenir à tort les autres pour responsables de ses émotions ou au contraire se blâmer pour celles des autres.
D'autres distorsions ont par la suite été identifiées telles que :
l'attente ou l'illusion de justice
Si je fais les choses bien, je serais récompensé
La tendance à se comparer négativement aux autres
se comparer la plupart du temps négativement à propos d’imperfection de l'être où du faire, se sentir inférieur aux autres.
La reconstruction cognitive, qui consiste à identifier les distorsions cognitives et à les confronter à la réalité est centrale dans la psychothérapie cognitive traditionnelle (par opposition à la thérapie cognitive contextuelle, dite de troisième vague qui intègre notamment l'exercice de la pleine conscience ).
Comments